L’A220 Alpine représente l’une des tentatives les plus audacieuses et esthétiquement réussies du sport automobile français pour conquérir la plus grande course d’endurance au monde : les 24 Heures du Mans. Née à la fin des années 1960, cette voiture de course est un concentré d’ambition, de design avant-gardiste et d’ingénierie sophistiquée. Bien qu’elle n’ait pas atteint les sommets escomptés en compétition, l’A220 Alpine reste une icône, un prototype légendaire qui incarne parfaitement l’esprit de son créateur, Jean Rédélé.
Cet article plonge dans l’histoire, la fiche technique et l’héritage de cette magnifique voiture de course Alpine, un joyau mécanique qui continue de fasciner les passionnés.
Genèse d’un Mythe : L’Histoire de l’Alpine A220
Au milieu des années 60, Alpine triomphe dans les catégories de plus faible cylindrée avec ses prototypes A210, remportant de multiples victoires de classe au Mans. Porté par ce succès, Jean Rédélé décide de viser la victoire au classement général. Pour cela, il fallait monter en catégorie et affronter les géants de l’époque : Porsche, Ferrari et Ford.
Le projet A220 Alpine est ainsi lancé avec un objectif clair : développer un prototype puissant, léger et aérodynamique capable de rivaliser dans la catégorie des 3 litres. Le défi était immense, car il impliquait la conception d’un tout nouveau châssis et, surtout, l’intégration d’un moteur bien plus complexe que les 4 cylindres habituels. L’Alpine A220 devait être le porte-étendard du savoir-faire français en matière de compétition automobile.
Fiche Technique Détaillée de l’Alpine A220
Le cœur du projet A220 Alpine résidait dans son moteur, un V8 développé par Renault-Gordini. Conçu initialement pour la Formule 1, ce bloc promettait des performances de premier ordre. La fiche technique de l’Alpine A220 révèle une voiture conçue sans compromis pour la vitesse.
| Caractéristique | Spécification |
| Moteur | V8 Renault-Gordini Type 62 à 90° |
| Cylindrée | 2 996 cm³ |
| Puissance | Environ 310 ch à 8 000 tr/min (variable selon les versions) |
| Châssis | Tubulaire en acier, multi-treillis |
| Carrosserie | Fibre de verre, pour un poids minimal |
| Poids | Environ 680 kg |
| Transmission | Boîte de vitesses manuelle à 5 rapports (Porsche ou ZF) |
| Suspensions | Indépendantes à double triangulation |
| Vitesse de pointe | Estimée à plus de 330 km/h dans la ligne droite des Hunaudières |
L’architecture de l’A220 Alpine était optimisée pour l’aérodynamisme. Sa carrosserie basse et profilée, dessinée par l’ingénieur Marcel Hubert, était conçue pour fendre l’air avec une efficacité maximale, un atout crucial sur le circuit du Mans.
L’Alpine A220 sur Circuit : Entre Espoirs et Désillusions
Malgré des caractéristiques prometteuses, la carrière en compétition de l’A220 Alpine fut semée d’embûches, principalement centrées autour de son moteur.
Les 24 Heures du Mans 1968 et 1969
- 1968 : Quatre A220 Alpine sont engagées. Malheureusement, la fiabilité n’est pas au rendez-vous. Le V8 Gordini, puissant mais fragile, souffre de problèmes de surchauffe et de distribution. Seule une voiture termine la course, à une honorable 8ème place, mais loin de l’objectif de victoire.
- 1969 : Alpine revient avec des versions améliorées, notamment une version à carrosserie « courte » pour plus d’agilité. Hélas, le scénario se répète. Les pannes mécaniques contraignent toutes les Alpine A220 à l’abandon. La concurrence, notamment la Ford GT40 et la Porsche 917, s’avère trop redoutable.
Ce manque de résultats mettra un terme prématuré à la carrière du prototype. L’A220 Alpine était une voiture magnifique et rapide, mais son moteur n’a jamais atteint la maturité nécessaire pour supporter les contraintes d’une course de 24 heures.
Un Héritage Immortel et une Rareté de Collection
Seulement huit exemplaires de l’A220 Alpine ont été construits (quatre en 1968 et quatre en 1969). Cette production extrêmement limitée en fait aujourd’hui l’une des voitures de course françaises les plus rares et les plus recherchées.
L’héritage de cette voiture Alpine ancienne est pourtant immense. Elle a prouvé qu’Alpine pouvait concevoir des prototypes au plus haut niveau. Les leçons tirées de cet échec ont été cruciales pour le développement des futurs prototypes Alpine, notamment la lignée des A440 qui, en 1978, remportera enfin les 24 Heures du Mans avec l’Alpine A442B.
Aujourd’hui, apercevoir une A220 Alpine lors d’événements historiques comme Le Mans Classic est un moment privilégié. Sa silhouette élégante et le son rauque de son V8 continuent d’évoquer une époque où l’ambition et la passion primaient sur tout.
FAQ sur l’Alpine A220
Voici quelques questions fréquemment posées sur ce prototype mythique.
1. Pourquoi l’A220 Alpine a-t-elle échoué à gagner au Mans ?
La principale raison de son échec est le manque de fiabilité de son moteur V8 Renault-Gordini. Conçu pour des courses plus courtes, il n’a jamais supporté les contraintes extrêmes d’une course de 24 heures, menant à de multiples abandons.
2. Combien d’A220 Alpine ont été produites ?
Au total, seulement 8 châssis d’A220 Alpine ont été fabriqués entre 1968 et 1969, ce qui en fait une pièce de collection extrêmement rare.
3. Quel moteur équipait l’Alpine A220 ?
Elle était propulsée par un moteur V8 Renault-Gordini de 3,0 litres, développant environ 310 chevaux. Ce moteur était une évolution d’un bloc initialement destiné à la Formule 1.
4. Quelle est la valeur d’une A220 Alpine aujourd’hui ?
En raison de sa rareté et de son histoire, le prix de collection d’une A220 Alpine est très élevé. Les rares transactions se chiffrent en plusieurs millions d’euros, la plaçant parmi les voitures de course françaises les plus chères.
5. L’A220 Alpine était-elle une voiture Renault ?
Alpine était à l’époque un constructeur indépendant mais travaillait en très étroite collaboration avec Renault, qui fournissait les moteurs via sa filiale sportive Gordini. Cette relation préfigurait le rachat d’Alpine par Renault en 1973. L’appellation Alpine Renault A220 est donc couramment utilisée.
En conclusion, l’A220 Alpine est bien plus qu’une simple voiture de course. C’est le symbole d’un rêve, une œuvre d’art mécanique qui, malgré ses déboires sportifs, a marqué l’histoire et posé les fondations des succès futurs d’Alpine en endurance. Sa beauté intemporelle et son histoire poignante lui assurent une place éternelle au panthéon de l’automobile française.