Dans le panthéon des voitures de sport japonaises, la Nissan Sunny GTI-R occupe une place à part. Souvent éclipsée par ses rivales plus célèbres comme la Lancia Delta Integrale ou la Subaru Impreza, cette compacte sur-vitaminée est pourtant l’une des créations les plus fascinantes de son époque. Née pour l’homologation en Championnat du Monde des Rallyes (WRC), elle cache sous ses airs de citadine une fiche technique redoutable qui lui a valu le surnom de « Baby Godzilla ». Plongeons dans l’histoire de cette légende méconnue.

Une Bête Née pour le Rallye : L’Homologation Groupe A
Au début des années 1990, le Groupe A du WRC était le terrain de jeu des constructeurs les plus audacieux. Pour y participer, une marque devait produire au moins 2 500 exemplaires de série d’un modèle de compétition. C’est dans ce contexte que Nissan a développé la Nissan Sunny GTI-R (connue sous le nom de Pulsar GTI-R au Japon et sur d’autres marchés).
L’objectif était clair : créer une machine capable de rivaliser avec les Toyota Celica GT-Four et les Lancia Delta. Nissan n’a pas fait les choses à moitié. En partant de la base d’une sage berline compacte (la Sunny N14), les ingénieurs de Nissan Motorsport (Nismo) ont greffé des composants directement inspirés de la reine des circuits, la Skyline GT-R. Cette voiture japonaise de rallye n’était pas une simple version sportive, mais une véritable arme conçue pour la performance brute.

La Fiche Technique Explosive de la Nissan Sunny GTI-R
Le cœur du projet réside dans ses spécifications techniques, qui restent impressionnantes même aujourd’hui. Loin d’être une simple citadine améliorée, la Nissan Sunny GTI-R est une véritable sportive pur-sang.
Le Cœur de la Bête : le Moteur SR20DET
Sous le capot proéminent se cache le légendaire moteur SR20DET. Ce quatre cylindres en ligne de 2,0 litres, gavé par un turbocompresseur Garrett T28, développe la bagatelle de 220 chevaux et 267 Nm de couple. Pour l’époque, ces chiffres étaient phénoménaux pour une voiture de ce gabarit. Le moteur est non seulement puissant, mais aussi réputé pour sa robustesse et son incroyable potentiel de préparation, ce qui en fait un favori des tuners du monde entier.

La Transmission ATTESA : une Motricité à Toute Épreuve
Pour faire passer cette puissance au sol, Nissan a équipé la Sunny GTI-R 4×4 de son système de transmission intégrale sophistiqué : l’ATTESA (Advanced Total Traction Engineering System for All-Terrain). Ce système, dérivé de celui de la Skyline GT-R, répartit le couple entre les essieux avant et arrière via un viscocoupleur central, garantissant une motricité optimale sur toutes les surfaces.

Voici un tableau récapitulatif de la fiche technique de la Nissan Sunny GTI-R :
| Caractéristique | Spécification |
| Moteur | SR20DET, 4 cylindres en ligne, 1998 cm³ |
| Suralimentation | Turbocompresseur Garrett T28 |
| Puissance | 220 ch à 6 400 tr/min |
| Couple | 267 Nm à 4 800 tr/min |
| Transmission | Intégrale ATTESA, boîte manuelle 5 vitesses |
| Poids | Environ 1 220 kg |
| 0 à 100 km/h | ~5,5 secondes |
| Vitesse Maximale | ~230 km/h |
Un Design Discret mais Redoutable
Esthétiquement, la Nissan Sunny GTI-R cultive une certaine dualité. De loin, elle conserve la silhouette d’une compacte 3 portes classique. Mais en s’approchant, les détails trahissent sa véritable nature :
- La prise d’air de capot massive : Impossible à manquer, elle est nécessaire pour alimenter en air frais l’intercooler positionné au-dessus du moteur.
- Le spoiler arrière proéminent : Conçu pour générer de l’appui à haute vitesse, il affirme sans détour les ambitions sportives du modèle.
- Les pare-chocs spécifiques et les jantes sport : Ils complètent une panoplie agressive sans être exubérante.
Ce style, à la fois sobre et menaçant, en fait un parfait « sleeper », une voiture dont les performances dépassent de loin ce que son apparence suggère.

Une Carrière en Rallye Courte mais Marquante
Malgré un potentiel énorme, la carrière de la Nissan Sunny GTI-R en WRC fut brève et mitigée. Engagée par l’équipe officielle en 1991 et 1992, elle a souffert de quelques défauts de jeunesse. Le principal problème venait du positionnement de l’intercooler qui, malgré la prise d’air, manquait de refroidissement et entraînait des surchauffes. De plus, les pneus de l’époque, plus étroits, peinaient à gérer la puissance du moteur.
Son meilleur résultat reste une 3ème place au Rallye de Suède en 1992 avec Stig Blomqvist au volant. Bien qu’elle n’ait pas remporté le titre mondial, son héritage est immense. Elle a prouvé que Nissan pouvait créer une compacte ultra-performante et a marqué les esprits des passionnés.
La Nissan Sunny GTI-R Aujourd’hui : Un Collector Prisé
Aujourd’hui, la Nissan Sunny GTI-R est devenue une youngtimer très recherchée. Sa rareté, son histoire liée au rallye et ses performances brutes en font un objet de convoitise pour les collectionneurs et amateurs de JDM (Japanese Domestic Market).
Acheter une Nissan Sunny GTI-R : Ce qu’il Faut Savoir
Trouver un exemplaire en bon état est un défi. La cote de la Nissan Sunny GTI-R a considérablement augmenté ces dernières années, et un modèle sain se négocie souvent au-delà de 25 000 €. Avant l’achat, plusieurs points sont à surveiller :
- La rouille : Un mal courant sur les voitures japonaises de cette époque, notamment au niveau des passages de roues et du plancher.
- Le moteur SR20DET : Vérifiez l’historique d’entretien et les signes de modifications abusives.
- Le turbo : Soyez attentif aux bruits suspects ou à la fumée bleue, signes d’usure.
- La transmission ATTESA : Assurez-vous de son bon fonctionnement, car les réparations peuvent être coûteuses.
FAQ – Questions Fréquentes sur la Nissan Sunny GTI-R
1. Pourquoi est-elle appelée tantôt Sunny, tantôt Pulsar ?
Le nom dépend du marché. Au Japon et en Océanie, elle était vendue sous le nom de Pulsar GTI-R. En Europe, elle a hérité du nom Sunny GTI-R, correspondant au modèle compact de Nissan sur ce continent.
2. La Nissan Sunny GTI-R est-elle une voiture fiable ?
Oui, le moteur SR20DET est réputé pour sa robustesse. Cependant, comme toute sportive de 30 ans, une fiabilité continue dépend d’un entretien rigoureux et préventif. La complexité de la transmission intégrale exige une attention particulière.
3. Combien d’exemplaires de la Nissan Sunny GTI-R ont été produits ?
Les chiffres exacts varient, mais la production totale pour l’homologation dépasse légèrement les 5 000 unités pour le monde entier (version route), ce qui en fait un modèle relativement rare.
4. Pourquoi n’a-t-elle pas dominé le WRC ?
Plusieurs facteurs expliquent son succès limité : des problèmes de refroidissement de l’intercooler, une gestion des pneus délicate et une concurrence féroce. De plus, Nissan s’est retiré prématurément du WRC pour se concentrer sur d’autres disciplines.
5. Quelle est la cote actuelle d’une Nissan Sunny GTI-R ?
En 2024, la cote est très variable. Un projet de restauration peut se trouver autour de 15 000 €, tandis qu’un exemplaire en excellent état d’origine peut facilement dépasser les 30 000 €, voire plus pour les modèles exceptionnels.
En conclusion, la Nissan Sunny GTI-R est bien plus qu’une simple voiture de sport des années 90. C’est le témoignage d’une époque où les constructeurs n’hésitaient pas à créer des monstres de route pour dominer les pistes de rallye. Puissante, agile et pleine de caractère, elle reste une icône pour ceux qui savent regarder au-delà des apparences et apprécient l’ingénierie brute et authentique. Un véritable « Baby Godzilla » qui continue de faire rêver.